Parcours artistique

Sur les traces de notre passé ouvrier

Par SANDRINE BOURRAIN, publié le lundi 18 octobre 2021 12:30 - Mis à jour le lundi 18 octobre 2021 12:30
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Déambulation urbaine des 1MCV dans le quartier de Paviot

Les élèves de 1 MCV sont partis sur les traces du passé ouvrier du quartier de Paviot le lundi 11 octobre 2021. Accompagnés d’un guide conférencier du Pays d’Art et d’Histoire - M. Steve Vachet -, ils ont déambulé à travers cet ancien quartier industriel situé à la limite de trois communes : Voiron, Saint-Jean-de-Moirans et Coublevie. Idéalement situé le long de la Morge, ce territoire va accueillir dès le XIXème siècle une intense activité industrielle textile et papetière.

À l’affût d’une main d’œuvre moins coûteuse et surtout moins revendicative que les Canuts, les industriels lyonnais spécialisés dans le tissage de la soie vont progressivement délocaliser leurs activités dans le Dauphiné. Ils trouveront à Voiron une cohorte d’ouvriers déjà qualifiés dans le tissage du chanvre et une situation géographique idéale pour le développement de leurs activités industrielles dans la vallée de la Morge. L’ouverture de l’axe Moirans-Voiron par le quartier de Paviot en 1850 va permettre à d’imposantes usines de s’y développer, réunissant parfois jusqu’à plusieurs centaines d’ouvriers comme chez Ruby ou JB Martin. Afin de conserver leur main-d’œuvre, les patrons construiront des logements attenants aux usines pour y loger leurs salariés. Certaines de ces casernes, devenues depuis des logements privés, sont encore présentes aujourd’hui dans le paysage urbain. Des jardins ouvriers ainsi que des services de garderies et de colonies de vacances seront également proposés aux familles.

Contrastant avec le Paviot d’aujourd’hui, le Paviot d’hier était un quartier vivant, connaissant une activité industrielle et commerciale intense. Situé à deux kilomètres du centre-ville de Voiron, les commerces y fleurissaient : cafés, épiceries, quincailleries, boucheries, boulangeries, pâtisseries répondaient aux besoins des habitants du quartier. Les grandes ouvertures situées au rez-de-chaussée des immeubles bordant l’avenue de Paviot en témoignent encore. Dès 1880, les Paviotins demandent l’ouverture d’une école. La première rentrée aura lieu en 1905 et l’école comptera alors six classes, soit plus de 300 élèves.

Avec la disparition progressive des activités de tissage dans la région, le quartier de Paviot s’est transformé. Il s’apparente aujourd’hui à une vaste friche industrielle, un « quartier-rue » que l’on traverse en voiture sans plus s’y arrêter. La fermeture des usines amorcée dès les années 1960-1970 va conduire les commerces et les habitants à déserter le quartier.

Redynamiser ce quartier est aujourd’hui une question cruciale, mais comment rendre à nouveau ce territoire attractif ? La circulation routière doit être repensée mais également ce que l’on compte faire des nombreuses friches industrielles : les restaurer afin qu’elles continuent à témoigner de l’histoire du quartier ou les détruire... ?

À travers cette promenade urbaine, les élèves de 1MCV ont été sensibilisés à l’histoire de leur commune et de ses habitants. L’observation du bâti existant leur a permis d’aiguiser leur regard et d’y percevoir les traces du passé. Ils ont par ailleurs été amenés à questionner la réorganisation de la production économique mondiale et ses conséquences à l’échelle d’un quartier. Enfin, ils ont pu réfléchir aux enjeux de l’aménagement d’un territoire.

Charlotte SOLER, le 17.10.2021